Quand chaque repas devient un bras de fer…
Vous préparez le dîner, espérant un moment tranquille en famille. Mais à peine l’assiette posée, les sourcils se froncent, les bras se croisent et…
“J’aime pas ça.” “Beurk.” “Je veux des pâtes.”
Et voilà. Le repas tourne à la négociation :
« Juste une bouchée ? »
« Allez, pour me faire plaisir… »
Au final, tout le monde se fâche, votre enfant boude, et vous finissez par servir encore une fois les fameuses coquillettes-beurre. 🍝
Respirez. Vous n’avez rien raté. Votre enfant ne cherche pas à vous défier : il communique autrement. Derrière ces refus se cachent souvent de la peur, de la fatigue, un besoin de contrôle… ou une hypersensibilité sensorielle.
Et la bonne nouvelle, c’est qu’il existe des leviers concrets pour l’aider à retrouver confiance.
Servir de petites quantités pour diminuer la pression
Imaginez : quelqu’un vous sert une montagne d’un plat que vous redoutez. Rien que la vue vous écœure — impossible d’avoir envie d’essayer. C’est exactement ce que ressent un enfant sélectif face à une assiette pleine.
Son cerveau crie “trop !”, avant même la première bouchée.
La solution ? Diminuer la charge émotionnelle en proposant de petites quantités :
- une cuillère de ratatouille,
- un mini bout de brocoli,
- un haricot vert seul dans l’assiette.
Ces petites portions rassurent. Elles envoient le message : “Tu peux y arriver.”
Et paradoxalement, plus vous servez de petites assiettes, plus vous augmentez vos chances qu’elles soient acceptées.
Introduire le jeu et la curiosité à table
Remplacez le « Goûte ! » par un « Tu crois que ça fait quel bruit quand on croque dedans ? ».
Le jeu change tout : il détourne l’attention de l’appréhension vers la curiosité. Quand l’enfant joue, il explore sans se sentir jugé — et son cerveau s’ouvre à la nouveauté.
Quelques idées de jeu à proposer à table à votre enfant :
- Deviner la couleur d’un aliment les yeux fermés,
- Reconnaître une odeur, un bruit ou une texture,
- Donner un surnom rigolo à un aliment (“Monsieur Brocoli a mis sa cape verte !”),
- Faire un concours du bruit le plus drôle en croquant.
Plus l’enfant observe, touche, sent, écoute, plus il apprivoise ce qu’il a dans son assiette.
➡️ Découvrez aussi : Comment inciter votre enfant à goûter grâce au jeu (même quand il dit “beurk”)
Proposer des recettes “ponts” entre connu et nouveau
Votre enfant adore le poulet mais boude les légumes ? Ne changez pas tout : associez ce qu’il aime à ce qu’il découvre.
Exemple parfait : les nuggets poulet–carotte 🥕. Un goût familier, une touche de nouveauté, une texture rassurante… et une belle victoire à la clé. Ces “recettes-passerelles” rassurent le cerveau : “C’est différent… mais pas dangereux.”
➡️ Voir la recette : Nuggets de poulet et carottes

Choisir les bons mots à table
Les mots comptent autant que les aliments. Pas parce qu’ils ont un “pouvoir magique”, mais parce qu’ils façonnent le climat du repas — et donc la disponibilité de l’enfant à explorer.
Quand on dit :
“Allez, pour me faire plaisir.” “Juste une bouchée. “Tu fais ton difficile.”
… on transmet souvent, sans le vouloir, une attente de résultat.
Et cette attente peut activer chez l’enfant un sentiment de pression ou de performance, qui bloque sa curiosité.
Les études sur les approches alimentaires bienveillantes montrent que les enfants mangent plus volontiers lorsqu’on leur décrit ou leur propose les aliments, plutôt qu’on leur demande de “goûter”.
Des phrases qui ouvrent la curiosité
Au lieu de chercher à convaincre, on peut décrire, inviter ou valoriser la découverte :
- “Tu veux sentir celui-là ou celui-là ?”
- “Écoute, ça fait crac quand on croque.”
- “Tu veux le mettre toi-même dans ton assiette ?”
- “Tu veux le toucher du bout du doigt ou avec la fourchette ?”
Ces formulations redonnent du contrôle à l’enfant tout en l’invitant à interagir avec l’aliment.
Elles s’appuient sur le principe fondamental des stratégies sensorielles : avant de manger, on apprend à approcher, tolérer et explorer.
Le but n’est pas de trouver “les bons mots magiques”, mais de changer l’atmosphère du repas.
Retrouver une ambiance sereine (et lâcher prise)
Le cadre compte autant que le contenu de l’assiette :
- faites des repas courts (30 minutes max),
- sans écrans et partagés ensemble
- et surtout… proposez une ambiance détendue.
Le cerveau ne peut pas explorer sous tension. Un parent apaisé, c’est un enfant qui ose. Et même s’il ne goûte pas tout de suite, il apprend au fur et à mesure des repas.
Parfois, l’étape du “je regarde” précède de plusieurs semaines le “je goûte”. C’est normal. C’est un processus qui prends du temps.
Vous voulez comprendre pourquoi votre refuse certains aliments et comment lui redonner envie sans lui répéter 12 fois par repas « tu goûtes un morceau » ? 👇🏻






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